Deo gratias. Révision (enfin …) de la traduction du Pater

Deo gratias. Révision (enfin …) de la traduction du Pater.

Ayant appris le Notre Père avec des Péres blanc (outre mer) je suis resté sur le vouvoiement et quelques « entorses » à ce qui est récité aujourd’hui !

La récitation commune lors d’une retraite avec un pére jésuite, nous à amené à discuter des ces variantes, il m’a remis ce texte que je trouve intéressant, aussi je vous le partage :

I.                  « Notre Père qui es aux cieux »

 

Père

 

(Trinité)

Au baptême de Jésus, « voici qu’une voix venue des cieux disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur » » (Mt 3, 16-17)

« Père » n’est pas le premier mot, c’est le deuxième. Le premier est celui qui dit : « Fils, mon fils bien-aimé.» Dans le Notre Père, donc, le Père est surtout Dieu Père de Jésus Christ, il est celui que Jésus appelle Père et par qui il est appelé Fils

Le Père est le Père de Jésus Christ. Jésus nous en communique la paternité en nous faisant participer à sa qualité de fils. Saint Paul le dit clairement : « Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba, Père ! » (Rm 8, 15.)

Dans la prière demander l’Esprit :le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui l’en prient » (Lc 11, 12).

 

Notre

 

il s’agit d’une prière collective, commune, que l’on récite ensemble

Cette prière est d’abord récitée par la commu­nauté des baptisés.

Ø  Mais nous invoquons le « Père » avec une foule de gens, avec tous ceux qui vivent avec nous la fraternité quoti­dienne.

Ø  En l’appelant « notre », nous déclarons que Dieu est le Père de tous ceux dont nous sommes en quelque manière responsables.

Ø  Il est, enfin, Père de toutes les créatures humaines, parce qu’elles sont toutes appelées à devenir enfants de Dieu.

Qui es aux cieux

Cette expression sert à distinguer le Père céleste de celui de la terre, mais surtout, quand nous l’employons, nous invoquons le Père qui vit dans le monde de la transcendance, dans le monde définitif, dans le monde des choses qui ne passent jamais. Le ciel est aussi le lieu de la récompense, où la volonté de Dieu s’accomplit pleinement, de manière parfaite.

Lorsque nous disons : « Notre Père qui es aux cieux », nous confes­sons qu’il y a un lieu où tout est clair, lumi­neux, limpide, où tout est juste et vrai.

 

 II. « Que ton nom soit sanctifié »

 

Saint est ton nom

« Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils, pour que ton Fils te glorifie » (Jn 17, 1)

Que Dieu se montre saint en manifestant sa gloire. La sainteté est ce qui caractérise Dieu

(l’homme ne peut voir Dieu sans mourir)

nom

Que veut dire le « nom » ?

Ø  Dans l’Ancien Testament, le « nom » signifie la « personne ». On aurait donc : que « ta puissance », « ton être », « ta réalité » soient sanctifiés.

Ø  ton nom de Père, c’est-à-dire que tu sois reconnu comme celui qui aime, réconforte, pardonne

Soit sanctifié

« Père, agis, interviens dans l’histoire, de manière que la grandeur de ton nom soit reconnue. »         Interviens de manière à stupéfier les gens et qui leur fasse s’exclamer : Dieu est vraiment grand ! (Ps 8 : Ô Seigneur notre Dieu qu’il est grand ton nom par toute la terre…)

Que la transcendance de Dieu soit reconnue, que Dieu soit reconnu comme transcendant et qu’il accomplisse dans l’histoire les oeuvres qui font que tous les hommes s’écrient : Dieu est grand !

  Jésus est venu nous enseigner à « sanctifier le nom de Dieu », c’est-à-dire à traiter Dieu comme Dieu, à ne traiter comme Dieu rien d’autre que Dieu et sa gloire, à l’aimer d’un amour extrême et exclusif, à l’exalter au‑dessus de tout et spécialement au-dessus de nous-mêmes, à ne jamais le mettre dans notre cœur en compétition avec un bien terrestre.

C’est une reconnaissance par l’homme.

Que ton nom soit sanctifié est la demande la plus radicale, métaphysique,

 

II.               « Que ton Règne vienne »

 

Que ton Règne vienne en est la réalisation historique (que ton Nom soit sanctifié) se réfère à son actualisation dans la vie de Jésus.

Le Règne

Cette réalisation comporte un royaume de « saints » dont Dieu sera vraiment le roi parce que son règne sera reconnu d’eux dans la connaissance et l’amour. (paraboles des noces Mt 22,1-14)

Compromise par la révolte du péché, cette Royauté doit être rétablie par une inter­vention souveraine de Dieu et de son Messie.

C’est cette intervention que Jésus réalise, non par un triomphe guerrier et nationaliste, comme l’attendaient les foules, mais d’une façon toute spirituelle, comme « Fils de l’homme » et « Serviteur », par son œuvre de rédemption qui arrache les hommes au règne adverse de Satan

le Royaume apparaît avec des débuts humbles, mystérieux [le grain semé dans la terre dont on ne sait comment il croîtra Lc 13,18-19], et contredits, comme une réalité déjà commencée et qui se développe lentement sur la terre, par l’Église

Instauré avec puissance comme règne du Christ par le jugement de Dieu sur Jérusalem et prêché dans l’univers par la mission apostolique, il sera définitivement établi et remis au Père par le retour glorieux du Christ, lors du Jugement dernier. En attendant, il se présente comme une pure grâce, acceptée par les humbles et les renoncés, rejetée par les superbes et les égoïstes. On n’y entre qu’avec la robe nuptiale de la vie nouvelle ; il y a des exclus. Il faut veiller pour être prêt quand il viendra à l’ improviste.

Voir le Fils prodigue (Lc 15,11-32) // invités au festin (Mt 22,1-14)

III.           « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »

 

qu’est-ce que la volonté de Dieu ?

*Volonté ‘trans­cendantale’ de Dieu comme son plan global

C’est le salut de tous les hommes : Paul dans l’hymne de l’Épître aux Éphésiens : « Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté : ce dessein bienveillant qu’Il avait formé en Lui par avance/ pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les   terrestres. » Eph1,9

*Volonté ‘actuelle’

               La volonté de Dieu que nous pouvons appeler actuelle se concrétise au contraire dans le temps, c’est celle qui regarde le présent, l’« ici et maintenant », et elle ne doit jamais être séparée de la volonté transcendantale

Au « docteur de la loi lui demanda pour l’embarrasser : « Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? » », c’est-à-dire la volonté de Dieu la plus importante, Jésus dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit : voilà le plus grand et le premier commandement. » Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. À ces deux commandements se rattache toute la Loi ainsi que les Prophètes (Mt 22, 35-40).

Voir notre schéma : entrer dans le mouvement trinitaire

 

Comment puis-je connaître la volonté de Dieu, c’est-à-dire ce qui lui plaît, ce qui est bon, ce qui est parfait ? Quelle est la volonté de Dieu sur moi ?

Ici, la réponse est : « La volonté de Dieu, c’est ce que je décide, en conscience, de faire ici, maintenant. »

Voir Songe de Gabaon 1R 3,4-15

 

Cette invocation : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », n’est rapportée que par Matthieu. Luc n’en parle pas. Cette demande, qui ne serait pas nécessaire parce que tout est déjà compris dans celle du Règne, est toutefois très utile et Matthieu a voulu l’accueillir, ce qui est une façon de dire que le Règne se réalise concrètement dans l’accomplissement de la volonté de Dieu.

 

V. « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien »

 

Le pain

 

 

Qu’entend-on par « pain » ?

Certainement le pain matériel mais on peut élargir le sens de ce mot à tout ce qui est nécessaire et indispensable pour vivre.

Mais aussi le pain céleste, le pain de l’eucharistie, le pain de la vie éter­nelle (pain et parole).

 

Qui prie ainsi ?

 

* Les disci­ples que Jésus envoie en mission sans besace et sans argent (voir Lc 10, 4). Ils demandent chaque jour avec confiance que le Père du ciel leur donne juste ce dont ils ont besoin pour vivre, de sorte qu’ils puissent prêcher le jour présent l’Évan­gile sans se soucier du lendemain. C’est certainement l’inter­prétation la plus radicale.

* Cette demande s’adapte évidemment à d’autres situa­tions. Ainsi, par exemple, à la situation de tous les disciples qui ont décidé de suivre Jésus et qui, de toute façon, ne comptent pas sur leurs richesses et n’ont pas de grandes prétentions ; ils ne cherchent pas à s’enrichir, ils ne souhaitent pas que leur avenir soit garanti, ils demandent seulement à être aidés jour après jour.

* La troisième situation est celle de l’homme qui se sait fragile, faible, dans une situation précaire, et qui, donc, met sa confiance dans le Père. C’est une belle prière de confiance : votre Père sait que vous avez besoin de toutes ces choses.

* Une quatrième situation : c’est celle du fidèle qui désire ardemment le pain qu’est Jésus, le pain éternel, le pain de la plénitude et qui le demande dès aujourd’hui, le pain de la vie éternelle.

 

 

 

 

 

 

VI. « Pardonne-nous nos offenses,

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »

 

pardon

le Règne, est avant tout la libération du péché. C’est ainsi que le présente l’Évangile de Matthieu dans la révélation de l’ange à Joseph : « Marie enfantera un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (1, 21).

Le Notre du ‘Notre Père’ renvoie à la communauté confessante. La communion des saints est une communauté de pécheurs pardonnés et se pardonnant (Credo)

 

• L’évangéliste Luc a employé le mot le plus usuel : « Pardonne-nous nos péchés » (11, 4) ; cependant Matthieu, dont la langue est plus archaïque et primitive, dit : « Remets-nous nos dettes » (6, 12) et ce n’est pas usuel. Dans la Bible hébraïque comme dans la Bible grecque, il y a de nombreux termes pour désigner le péché, la transgression, la désobéissance. Matthieu choisit ici l’idée de dette. Probablement parce que l’idée de dette – évidemment méta­phorique puisqu’il ne s’agit pas de dette d’ar­gent – est relationnelle.

Ø  L’idée de péché peut être conçue en seule référence à la loi : il y a la loi et le péché qui la transgresse ; il y a le précepte et la déviation du précepte.

Ø  La dette au contraire indique une relation avec quelqu’un. Parlant de dettes, Jésus nous rappelle donc qu’il ne s’agit pas simplement de nos déviations, transgressions, erreurs, infractions à la loi, mais bien d’une rupture de la relation avec lui (l’intendant habile Lc 16,1-8).

C’est pourquoi ce mot est très important. On peut aussi le traduire par « péché », mais il faut entendre dans ce cas le péché comme la rupture de la relation avec Dieu.

• « Pardonne-nous nos offenses ». Nous nous avouons incapables de payer ces dettes. Nous pourrions dire : j’ai des dettes et un jour ou l’autre je les paierai. Mais les dettes que nous avons à l’égard de Dieu, nous n’arrivons pas à les payer. C’est ce que dit clairement Matthieu dans la parabole du serviteur impitoyable. (18, 23-27).

Le Notre Père suppose que nous sommes comme ce serviteur devant Dieu : nous avons des dettes que nous ne pouvons payer car nous avons rompu une relation d’amour que nous sommes inca­pables de reconstituer avec nos propres forces. Cette relation ne peut être rétablie que si elle nous est donnée gratuitement. « Remets-nous nos dettes » [pardonne-nous nos offenses] est une demande fondamentale. Nous ne connaissons même pas le montant de ces dettes. La parabole parle de dix mille talents, mais si nous regardons ce que le Seigneur a fait pour nous, l’amour avec lequel il nous a embrassés depuis l’éternité, avec lequel il nous a voulus, nous a soutenus, alors notre dette devient incalculable ; et elle n’est solvable que si le Seigneur accomplit à nouveau un geste de gratuité et nous en fait remise.

C’est tout le débat de Paul sur la justification par les oeuvres ou par la foi.

‘Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs’

« Comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs » (Mt 6, 12).

 

C’est la seule demande pour laquelle Jésus pose une condition et nous met en cause. On dirait presque que nous avons dû pardonner les premiers, que nous ne pouvons demander pardon qu’après avoir nous-mêmes pardonné.

Que suppose donc cette prière ? Elle suppose une communauté litigieuse, divisée, dans laquelle on s’offense réciproquement, on ne répond pas aux attentes, on récrimine, on est déçu dans ses espoirs. Et cette prière est si forte que le seul commentaire au Notre Père dans le Discours de la montagne est celui qui a été ajouté à la fin de la prière et qui dit : « Oui, si vous pardonnez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas vos manquements » (Mt 6, 14-15). C’est une condition absolue et elle souligne que le Père sait bien que nous sommes pauvres, fragiles, que nous nous offensons facilement les uns les autres. Il veut lier de façon absolue son pardon à notre pardon. Comme nous le fait encore comprendre la parabole de Mt 18, nous, à qui Dieu a beaucoup pardonné, sommes appelés à faire au moins le geste de pardonner aux autres les petits torts que nous avons subis.  (v. 28-35).

C’est une demande très diffi­cile. De fait, elle est un engagement au pardon gratuit, qui est un geste ardu, parfois héroïque. Jésus avait déjà dit : « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens d’un grief que ton frère a contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens et alors présente ton offrande » (Mt 5, 23-24).

Nous, nous aurions tendance à dire : que celui qui quelque chose contre moi, se charge lui de la réconciliation. Le Seigneur, au contraire, veut que nous fassions tout notre possible pour que l’autre n’ait rien contre nous.  Nous comprenons le motif de l’insistance de Jésus : c’est que le Père agit ainsi, Dieu est ainsi glorifié : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (v. 48).

La demande du Notre Père « pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » concerne donc de près chacun de nous.

 

IV.           « Ne nous soumets pas à la tentation »

 

Soumettre

La requête est un peu scandaleuse dans sa formulation. L’Église a sans cesse cherché à la  reprendre, à la rectifier. Saint Ambroise, par exemple, traduisait : « ne permets pas que nous cédions à la tentation ». Le « ne nous soumets pas » semble dire que Dieu lui-même tente, entraîne au mal. On atténue par la  formule : « ne nous abandonne pas dans la tentation ».

La tentation

Jésus lui-même

En réalité, la tentation est une partie importante de l’expérience chrétienne, elle est une expérience quasi quotidienne. Jésus nous a avertis en disant aux apôtres : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tenta­tion : l’esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26, 41) : et il a lui-même, à l’agonie, été tenté par la tristesse et la peur (voir v. 37-38).

Il a aussi voulu commencer son ministère public en se soumettant dans le désert aux tentations de Satan, comme le racontent les synoptiques : « Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable » (Mt 4, 1 : voir Mc 1, 12-13 et Lc 4, 1-2).

Il a été ensuite l’objet d’autres graves tentations, comme celle qui a suivi la confession de Pierre lorsqu’il est allé jusqu’à traiter son disciple de Satan (voir Mt 16, 23 et Mc 8, 33), car il sentait que les paroles de son disciple (« Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non cela ne t’arrivera point. ») étaient une grave tentation.

Jésus prie pour ses disciples

Jésus parle aussi de tentation à propos de Pierre lui-même, lorsqu’il dit : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés », non seulement toi mais tous les autres, « pour vous cribler comme le froment », pour vous tenter en vous secouant fortement et vous faire peur ; « mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi, donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22, 31-32). Il prévoit une tentation grave pour les apôtres, une chute pour Pierre, dont la foi est cependant sauve, et puis le repentir de l’apôtre et l’affermissement de ses frères.

Si la tentation est une part importante de la vie chrétienne, il nous faut chercher à comprendre ce que signifie « ne nous soumets pas à la tentation » ou « ne permets pas que nous cédions à la tentation » ou « ne nous abandonne pas dans la tentation ».

 

V.               « Mais délivre-nous du mal »

 

 

• L’expression « mais délivre-nous du mal », ne se trouve pas chez Luc ; pourquoi celle-ci commence-t-elle par un « mais ». Comme la demande « ne nous soumets pas à la ten­tation » est une tournure négative, et que « délivre-nous du mal » est une tournure posi­tive, les deux demandes sont reliées par « mais ». Toutefois une autre question se pose : l’expression « délivre-nous du mal » est-elle simplement une autre façon de dire « ne nous soumets pas à la tentation », est-elle une expression parallèle de même sens ou ajoute-t-elle quelque chose, formant une sorte de conclusion synthétique du Notre Père ? L’examen du verbe « délivre-nous » peut nous fournir une indication.

 

• « Délivre-nous ». Le verbe grec est plus prégnant parce qu’il signifie « arrache-nous » au mal. Il suggère donc l’image, par exemple, de quelqu’un que l’on arrache à la gueule d’un lion, alors qu’il est déjà pris dans ses crocs (Ps 90). L’évangéliste Jean est à coup sûr moins dramatique lorsque, rapportant la prière de Jésus à son Père, il emploie un verbe plus faible : « Je ne te prie pas de les retirer [àres] du monde mais de les garder du Mauvais » (Jn 17, 15), comme si l’assaut de l’ennemi n’avait pas encore eu lieu ; et on pourrait paraphraser la prière de Jésus en disant : « Ne permets pas qu’ils tombent dans la tentation. » Au contraire « délivre-nous, arrache-nous » au mal est un cri qui suppose que l’on est déjà dans la gueule du lion. C’est peut-être dans Mt 27, 43 que l’on trouve l’emploi le plus dramatique du verbe ryomai. Jésus est sur la Croix et les anciens, les grands prêtres, les gens se moquent de lui : « Il a compté sur Dieu ; que Dieu le délivre [rysàstho] maintenant, s’il s’intéresse à lui ! » Jésus est déjà sur la Croix et « le délivrer » signifie le détacher, l’arra­cher à la Croix.

C’est dire que les ennemis ne sont pas une menace lointaine, mais que nous sommes déjà entre leurs mains.

 

 

 

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